Il est assez complexe de trouver des statistiques récentes, complètes et claires sur les publics des bibliothèques. Tout d’abord parce que la catégorisation des publics dont on souhaite mesurer le rapport à la bibliothèque n’est pas si simple qu’elle le paraît. Ensuite parce que les sources statistiques dont nous disposons sont à la fois multiples, anciennes (le temps de compiler au national des données locales il faut compter deux à trois ans) et souvent très hétérogènes en termes de données mesurées.
De qui parle-t-on ?
Tout professionnel ayant eu un jour à comptabiliser, quantifier, mesurer ou évaluer les publics des bibliothèques a été confronté à la question de la cible : de quel public parle-t-on précisément ? À cet égard le vocabulaire utilisé est intéressant : usagers et non-usagers (temporaires ou absolus), lecteurs ou non-lecteurs, fréquentants (ou non…), séjourneurs, emprunteurs, inscrits, et j’en passe…
Qui mesure et que mesure-t-on ?
En matière de sources on se heurte à leur multiplicité et à leur hétérogénéité. Ainsi pour ce qui concerne les Bibliothèques de lecture publique on peut trouver :
L’enquête bien connue sur les Pratiques culturelles des français dont les résultats – trop anciens (de 1973 à 2008) et qui concernent assez peu les bibliothèques lorsque l’on souhaite des statiques détaillées – sont répertoriés sur le site Pratiques Culturelles
Une nouvelle enquête a été menée en 2018, que l’on peut retrouver sur le site du ministère mais qui ne compte que les « inscrits » et les « usagers » sous forme de tableaux Excel.
On peut également consulter le site de l’Observatoire de la lecture publique pour y trouver les Synthèses annuelles des données d’activité des bibliothèques, qui en 2019 nous restituaient les données d’activité 2016 pour les bibliothèques municipales et départementales.
Enfin, on peut se reporter à d’autres études et enquêtes du ministère de la Culture :
- Baromètre annuel des prêts et des acquisitions
- Études et rapports sur le prêt numérique en bibliothèque
- Les chiffres-clés de la Culture
- Et la très intéressante enquête sur Les non-usagers des bibliothèques de 2019, mais qui à ma connaissance reste unique en son genre.
Des sources nombreuses donc mais qui ne permettent guère d’obtenir une vision globale, précise et détaillée des publics des bibliothèques. On glane des chiffres çà et là à partir de sources hétérogènes que l’on peine à réunir car elles ne mesurent pas les mêmes données.
Pour les bibliothèques de l’enseignement supérieur, et notamment les bibliothèques universitaires, les sources sont encore moins aisées à trouver : si chaque SCD organise ses propres évaluations, la compilation des données nationales se révèle bien ardue !
On navigue ainsi entre des sources assez éparses :
- L’Observatoire national de la vie étudiante et ses enquêtes annuelles sur conditions de vie des étudiants qui se penche peu sur les BU.
- Les statistiques du MESRI : L’état de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation en France (n°13 – Mai 2020) / dont la Fiche 16 sur les BU donne très peu de chiffres.
- L’ESGBU (Enquête statistique générale des bibliothèques universitaires), qui ne propose plus (?) qu’un site pour télécharger les données nationales que l’on doit ensuite compiler soi-même.
- Enfin « L’Étude des Indicateurs européens : La situation des bibliothèques universitaires françaises par rapport aux autres pays européens » (mars 2018) commanditée par l’ADBU.
Certes, l’ambition d’une vision générale et détaillée est sans doute impossible à réaliser tant les données à mesurer sont éparses et hétérogènes.
Mais enfin, (et surtout) « l’évaluation, ce n’est pas que des chiffres », comme le rappelle Cécile Touitou dans le Dossier : « Évaluation en bibliothèque – Au-delà des statistiques et des indicateurs », dans le numéro 96 (janvier-mars 2020) d’Arabesques.
Vous connaissez d’autres sources ? N’hésitez pas à me les envoyer pour compléter cet article.